J’ai retenu pour cette exposition à la Villa Rose, la légèreté et l’humour du mouvement futuriste à travers les sculptures florales de Giacomo Balla. Ces oeuvres proviennent des dessins de Giacomo Balla suite au manifeste sur la Flora futursita du mouvement futuriste qu’il proclama en novembre 1924 : «Assez avec des fleurs naturelles, assez avec les délices romantiques, les écoeurantes, les nuances de couleurs, les bibelots, les doux parfums, C’est dépassé ! »
 
Dans leurs différentes campagnes de diffamations contre toute les traditions et réminiscences du passé, le mouvement futuriste avait aussi déclaré la guerre au monde végétal, accusé d’être une véritable «secousses» en vue de la modernité mécanique !
 
A la Villa Rose 84, rue d'Amsterdam 75009 Paris
Giacomo Balla et le futurisme floral !
 
Le futurisme est né en Italie en 1909 et se caractérise par une recherche de l’expression picturale du mouvement. S’inscrivant dans le prolongement du cubisme, le mouvement est principalement fondé sur la fascination des machines, de la vitesse, et sur la décomposition du mouvement et sa représentation.
 
Le futurisme, créé suite à l’édition du Manifeste du futurisme par Filippo Marinetti, se place dans un contexte d’avant-guerre où le climat politique et social est particulièrement tendu.
 
De nombreux jeunes veulent changer radicalement le monde et ne voient la révolution qu’à travers la destruction de toutes les valeurs du passé (musée, bibliothèques, villes historiques…) à la faveur de la machine et de la vitesse.
La guerre apparaît comme une solution pour repartir à zéro et recréer un monde fondé sur de nouvelles bases. Les futuristes proclament ce côté guerrier de manière assez virulente, certains allants même jusqu’à prôner les valeurs fascistes de manière radicale. Ils sont fascinés par le modernisme, la machine, et notamment les machines de guerre. L’esprit qui anime le mouvement est révolté et révolutionnaire.
 
Si les formes généralement géométriques peuvent parfois rappeler celles du cubisme, il y a un désaccord avec son aspect statique.
La recherche du futurisme est basée sur la dynamique et la vitesse. Ces deux thèmes sont d’ailleurs souvent exploités dans les tableaux et sculptures.
 
Plus un corps bouge vite dans l’espace, plus sa perception est abstraite. Manet à son époque, se posant déjà des questions sur la perception (des couleurs, certes, mais aussi des formes en mouvement) avait tenté de représenter une course de chevaux.
En observant de manière poussée, on se rend compte, que ce que l’on perçoit alors, c’est le mouvement lui-même et non l’objet.
Les futuristes vont pousser plus loin ces recherches. Les avancées technologiques dans le domaine de la photographie et du cinéma permettent enfin de donner à voir la décomposition du mouvement de manière précise. L’instantané photo donne enfin à voir un instant arrêté de ce mouvement. En effet, avant cette technique révolutionnaire dont Manet s’était sans doute servi, on ne pouvait représenter le cheval au galop que de manière intuitive, avec de grandes chances d’en avoir une vision erronée.
 
De nombreux artistes vont prendre comme support de recherche des études photographiques sur la décomposition du mouvement afin de réaliser leurs oeuvres. C’est le cas du Nu descendant l’escalier de Marcel Duchamp (qui a fait scandale lors de sa présentation au public). À travers ce tableau, si Duchamp développe les formes plastiques et les thèmes de recherches futuristes, il ne partage pas les opinions politiques et idéologiques des italiens. Sa préoccupation majeure reste un questionnement purement artistique.
 
Si dans les formes radicales du futurisme on voit souvent apparaître le thème des machines de guerre, parfois, la représentation du mouvement est abordée avec plus de légèreté et un certain humour. C’est le cas de Giacomo Balla qui en 1924 proclame dans le manifeste La Flora futurista, «Basta coi fiori naturali»: Assez des fleurs naturelles, en créant ces fleurs futuristes a feuillage explosif !
 
Le futurisme proprement dit s’essoufflera avec l’arrivée du fascisme au pouvoir au cours des années 1920 mais le mouvement aura permis l’apparition du questionnement sur l’appréhension visuelle du mouvement.
 
Certains artistes à venir vont eux aussi développer la notion de mouvement dans l’oeuvre, mais de manière totalement différente. Par exemple Tinguely et ses oeuvres composées de rouages qui s’animent quand elles sont actionnées de manière mécanique ; Calder qui crée des mobiles mis en mouvement par des forces «naturelles» comme le vent ou l’eau ; ou encore L’op art qui simule mouvement grâce à des effets d’optiques complexes.
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